Entre-deux-mers
Désignation(s) Entre-deux-mers
Type d'appellation(s) AOC / AOP
Reconnue depuis 1937
Pays Drapeau de la France France
Région parente vignoble de Bordeaux
Sous-région(s) Entre-deux-Mers
Localisation Gironde
Climat océanique
Superficie plantée 1 804 hectares, dont 77 pour le haut-benauge (en 2023)[1]
Cépages dominants sauvignon B[2] et
sémillon B[3]
Vins produits 90 % blancs et 10 % rouges
Production 92 147 hl, dont 3 562 hl de haut-benauge (en 2023)[1]
Pieds à l'hectare minimum 4 500 pieds par hectare[3]
Rendement moyen à l'hectare 55 hl/ha en blanc et 33 en rouge (en 2023)[1]

L’entre-deux-mers[4] est un vin français d'appellation d'origine contrôlée produit sur la majeure partie du vignoble de l'Entre-deux-Mers. L'appellation comprend également la dénomination géographique entre-deux-mers-haut-benauge, qui ne comprend que des vins blancs.

L’Entre-deux-Mers est aussi le nom de la région du Bordelais délimitée par la Dordogne au nord et la Garonne au sud, qui se rejoignent pour former l'estuaire de la Gironde avant de se jeter dans l'Atlantique. La vigne y tient une place importante.

Le vignoble de l'Entre-deux-Mers (l'une des subdivisions du vignoble de Bordeaux) contient d'autres AOC :

On y produit également du bordeaux générique, notamment du bordeaux-clairet.

Le début du développement du vignoble est présenté comme remontant au XIe siècle, lié aux bénédictins de l'abbaye de La Sauve-Majeure[3]La Sauve, en plein milieu de l'Entre-deux-Mers). En 1870, la surface cultivée du vignoble de l'Entre-deux-Mers dépasse les 70 000 hectares[5], mais elle est ravagée par le phylloxéra, notamment à partir de 1876, d'où une nette réduction de la surface viticole.

Un arrêt du tribunal civil de Libourne du réserve l'appellation « Entre-Deux-Mers » aux vins blancs et rouges produits dans le département de la Gironde entre la rive gauche de la Dordogne et la rive droite de la Garonne[3]. Puis l'appellation entre-deux-mers est reconnue officiellement par le décret du , mais uniquement en blanc[6]. Ce décret est modifié en février 1946 (modification de l'aire d'appellation)[7], en février 1947 (règles de taille)[8], en 1953 (limitation de la production aux seuls vins blancs secs), en 1955 (création de la dénomination haut-benauge)[3], en septembre 1963 (teneur en sucre et degré d'alcool)[9], en décembre 1977[10], en octobre 2009[11], en novembre 2011 (passage en AOP)[12], en novembre 2013[13], en août 2015[14], en avril 2019[15] et en août 2023 (retrait d'Arbis et de Cantois de l'aire d'appellation ; retrait du mauzac et du merlot blanc comme cépages autorisés ; autorisation du vin rouge)[3].

Voir l’image vierge
L'aire de production, entre Garonne et Dordogne.

Selon les Douanes, la superficie revendiquée en 2023 sous l'appellation est de 1 804 hectares, dont 1 450,62 ha pour produire l'entre-deux-mers blanc, 77,09 ha pour l'entre-deux-mers haut-benauge et 276,91 ha pour l'entre-deux-mers rouge[1].

Aire d'appellation

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Images externes
Aire parcellaire de l'appellation
Aire parcellaire de la dénomination haut-benauge

L'aire d'appellation concerne un total de 133 communes, excluant celles des appellations voisines (graves-de-vayres, sainte-foy-côtes-de-bordeaux, premières-côtes-de-bordeaux, cadillac-côtes-de-bordeaux, cadillac, loupiac, sainte-croix-du-mont et côtes-de-bordeaux-saint-macaire) : Ambarès-et-Lagrave, Artigues-près-Bordeaux, Auriolles, Bagas, Baigneaux, Baron, Bellebat, Bellefond, Beychac-et-Caillau, Blasimon, Blésignac, Bonnetan, Bossugan, Branne, Cabara, Cadarsac, Camarsac, Camiac-et-Saint-Denis, Camiran, Casseuil, Castelmoron-d'Albret, Castelviel, Caumont, Cazaugitat, Cessac, Civrac-sur-Dordogne, Cleyrac, Coirac, Coubeyrac, Courpiac, Cours-de-Monségur, Coutures, Créon, Croignon, Cursan, Daignac, Dardenac, Daubèze, Dieulivol, Doulezon, Escoussans, Espiet, Les Esseintes, Faleyras, Fargues-Saint-Hilaire, Flaujagues, Fossès-et-Baleyssac, Frontenac, Génissac, Gironde-sur-Dropt, Gornac, Grézillac, Guillac, Izon, Jugazan, Juillac, La Sauve, Ladaux, Lamothe-Landerron, Landerrouet-sur-Ségur, Lignan-de-Bordeaux, Listrac-de-Durèze, Loubens, Loupes, Lugaignac, Lugasson, Madirac, Martres, Mauriac, Mérignas, Mesterrieux, Mongauzy, Monségur, Montagoudin, Montignac, Montussan, Morizès, Mouliets-et-Villemartin, Moulon, Mourens, Naujan-et-Postiac, Nérigean, Neuffons, Pompignac, Porte-de-Benauge, Le Pout, Pujols, Le Puy, Rauzan, La Réole, Rimons, Romagne, Roquebrune, Ruch, Sadirac, Saint-Antoine-du-Queyret, Saint-Aubin-de-Branne, Saint-Brice, Saint-Exupéry, Saint-Félix-de-Foncaude, Saint-Ferme, Saint-Genès-de-Lombaud, Saint-Genis-du-Bois, Saint-Germain-du-Puch, Saint-Hilaire-de-la-Noaille, Saint-Hilaire-du-Bois, Saint-Jean-de-Blaignac, Saint-Léon, Saint-Loubès, Saint-Martin-de-Lerm, Saint-Martin-du-Puy, Saint-Michel-de-Lapujade, Saint-Pey-de-Castets, Saint-Pierre-de-Bat, Saint-Quentin-de-Baron, Saint-Sève, Saint-Sulpice-de-Guilleragues, Saint-Sulpice-de-Pommiers, Saint-Sulpice-et-Cameyrac, Saint-Vincent-de-Pertignas, Saint-Vivien-de-Monségur, Sainte-Florence, Sainte-Gemme, Sainte-Radegonde, Sallebœuf, Sauveterre-de-Guyenne, Soulignac, Soussac, Taillecavat, Targon, Tizac-de-Curton et Tresses[3].

La dénomination entre-deux-mers haut-benauge peut être produite sur huit communes : Escoussans, Gornac, Ladaux, Mourens, Porte-de-Benauge, Saint-Pierre-de-Bat, Soulignac et Targon[3].

Encépagement

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La production d'entre-deux-mers blanc est autorisée avec comme cépages principaux (au moins 70 %) la muscadelle B, le sémillon B, le sauvignon B et le sauvignon gris G ; comme cépages accessoires le colombard B et l'ugni blanc B. Le plus utilisé est le sauvignon, souvent assemblé avec du sémillon.

Pour faire du vin rouge, sont autorisés comme cépages principaux le cabernet sauvignon N, le cabernet franc N, le côt N (ou malbec), le merlot N et le petit verdot N, avec comme cépage accessoire le carménère N. Dans la pratique, l'entre-deux-mers rouge est issu d'un assemblage merlot, cabernet sauvignon et cabernet franc[3].

Une bouteille et un verre d'entre-deux-mers.

La production déclarée en 2023 a été d'un total de 92 147 hectolitres (un hectolitre = 100 litres = 133 bouteilles de 75 cl), dont 79 338 hl d'entre-deux-mers blanc, 3 562 hl d'entre-deux-mers haut-benauge et 9 247 hl d'entre-deux-mers rouge (premier millésime)[1]. À titre de comparaison, en 2005 la production était de 80 239 hl (sur 1 389 ha et uniquement en blanc)[16].

Les rendements maximum autorisés par le cahier des charges sont de 65 hectolitres par hectare en blanc et de 55 hl/ha en rouge ; les rendements butoirs sont de 75 hl/ha en blanc et de 65 hl/ha en rouge[3].

Les rendements moyens déclarés récemment sont, pour l'AOC entre-deux-mers (blanc)[17] :

Année Superfice (ha) Production (hl) Rendement (hl/ha)
2019 1 596 86 448 54
2020 1 566 87 038 56
2021 1 490 70 848 48
2022 1 528 71 825 47
2023 1 451 79 338 55

Pour l'appellation entre-deux-mers haut-benauge[17] :

Année Superfice (ha) Production (hl) Rendement (hl/ha)
2019 76 3 367 45
2020 61 2 949 49
2021 70 2 328 33
2022 61 2 618 43
2023 77 3 562 46

La production d'entre-deux-mers rouge s'est élevée à 9 247 hl en 2023 (premier millésime), sur une superficie de 277 ha, soit un rendement de 33 hl/ha[1].

Dégustation

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Les entre-deux-mers blancs peuvent être de styles assez différents, en fonction du sol, de l'exposition, du travail à la vigne, du millésime, du rendement, de l'assemblage (plus ou moins de sémillon et de sauvignon), de la vinification et de l'élevage. De couleur jaune pâle, ce vin peut être décrit comme parfois un peu fruité (agrumes ou fruit de la passion), ou végétal (genêt, buis), floral (fleur d'acacia) ou minéral (pierre à fusil). La bouche est souvent vive, acidulée, mais certains sont décris comme plus complexes.

Le caractère des entre-deux-mers varie notamment en fonction du terrain. Les vins issus de sols à dominante argilo-calcaire se distinguent par l'équilibre et l'étoffe de leur palais, comme par la finesse de leur bouquet. Les terrains argilo-siliceux donnent aux vins un côté ample et coulant. Les boulbènes apportent au vin un palais délicat et léger qui contraste avec le bouquet, marqué par une fraîcheur florale[18].

Les entre-deux-mers blancs sont à boire jeunes, frais (7 à °C), avec par exemple des huîtres, du poisson grillé, ou des crustacés.

L'appellation n'existant en rouge que depuis 2023, les notes de dégustation sont récentes et relativement rares. Le cahier des charges imposant 21 mois d’élevage avant la mise en marché, ce vin n'est disponible que depuis janvier 2025.

Les vins rouges de l’Entre-deux-Mers sont caractérisés par une couleur soutenue, pourpre dans leur jeunesse, rouge rubis à leur apogée et qui évolue vers des teintes grenat en prenant de l’âge[3].

L’arôme dominé par les fruits rouges, peut se complexifier par des variantes fermentaires et boisées délicates. Le bouquet peu à peu engendre l'apparition des nuances aromatiques de sous-bois, voire légèrement truffées ou mentholées. Chez certains une note empyreumatique (torréfié, grillé) se distingue alors. Le retour aromatique permet de consolider la dominante fruitée du vin[19].

On retrouve une forte présence de merlot, qui confère aux vins une texture ronde et une expression fruitée marquée, souvent dominée par des arômes de cerise et de fruits rouges mûrs. Les cabernets sauvignon et franc viennent apporter structure, finesse et parfois une touche épicée ou réglissée[19]. La bouche est fraîche, structurée et souple, malgré la trame tannique caractéristique[3]. La présence saline en finale ajoute du relief et de la vivacité[19].

Notes et références

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  1. a b c d e et f « Déclaration de récolte et de production 2023 (campagne viticole 2023-2024) », sur douane.gouv.fr, .
  2. Le code international d'écriture des cépages mentionne la couleur du raisin de la manière suivante : B = blanc, N = noir, Rs = rose, G = gris.
  3. a b c d e f g h i j k et l « Cahier des charges de l'appellation d'origine contrôlée « Entre-deux-Mers » », homologué par l'arrêté du publié au JORF du et au BO Agri du .
  4. Le nom d'un vin est un nom commun, donc ne prend pas une majuscule, cf. les références sur la façon d'orthographier les appellations d'origine.
  5. Feret, Statistique générale du département de la Gironde, tome II, 1874.
  6. « Décret du 31 juillet 1937 concernant l'appellation Entre-Deux-Mers », publié au JORF du p. 9093.
  7. « Décret n°46-162 du 8 février 1946 », publié au JORF no 0035 du p. 1196.
  8. « Arrêté du 15 février 1947 relatif à la réglementation de la taille de l'appellation contrôlée "Entre-Deux-Mers" », publié au JORF du .
  9. « Décret du 27 septembre 1963 modifiant l'article 3 du décret du 31 juillet 1937 », publié au JORF du .
  10. « Décret n°77-1385 du 14 décembre 1977 relatif aux conditions de production des vins à appellation d'origine contrôlée Entre-Deux-Mers », publié au JORF du .
  11. « Décret n° 2009-1306 du 27 octobre 2009 relatif aux appellations d'origine contrôlées "Vin de Savoie" ou "Savoie", "Roussette de Savoie", "Seyssel ", "Côtes de Bordeaux-Saint-Macaire", "Cadillac", "Entre-deux-Mers", "Sainte-Foy-Bordeaux" et "Graves de Vayres" ».
  12. Décret n° 2011-1444 du 3 novembre 2011 relatif à l'appellation d'origine contrôlée « Entre-deux-Mers ».
  13. Décret n° 2013-1085 du 28 novembre 2013, publié au JORF no 0279 du .
  14. « Cahier des charges de l'appellation d'origine contrôlée « Entre-deux-Mers » », modifié par le décret no 2015-1074 du publié au JORF no 0198 du .
  15. « Cahier des charges de l'appellation d'origine contrôlée « Entre-deux-Mers » », modifié par l'arrêté du publié au JORF du et au BO Agri du .
  16. Collectif, Guide Hachette des vins 2007, Paris, Hachette, , 1398 p. (ISBN 2-01-237074-8), p. 328.
  17. a et b « Open Data | Portail de la Direction Générale des Douanes et Droits Indirects », sur www.douane.gouv.fr (consulté le )
  18. « Entre-deux-mers | Guide Hachette des Vins », sur Le Guide Hachette des Vins (consulté le )
  19. a b et c Laura Bernaulte, « Premier millésime de l'Entre-deux-Mer rouge : nos 5 coups de cœur », sur Terre de Vins, (consulté le ).

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Lien externe

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Articles connexes

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