Château de l'Impératrice | |||
![]() Le château de l'Impératrice. | |||
Nom local | Château de « Pregny-La-Tour » | ||
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Début construction | début du XVIIIe siècle | ||
Propriétaire initial | Marie Cramer-Vaudenet | ||
Destination initiale | Habitation | ||
Propriétaire actuel | Ville de Genève | ||
Destination actuelle | Mission permanente de la République Italienne | ||
Protection | Objet classé | ||
Coordonnées | 46° 13′ 49″ nord, 6° 08′ 39″ est | ||
Pays | ![]() | ||
Région historique | Pays de Gex | ||
Canton | ![]() | ||
localité | Pregny (Pregny - village) | ||
Commune | Pregny-Chambésy | ||
Géolocalisation sur la carte : Suisse Géolocalisation sur la carte : canton de Genève | |||
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Le château de l'Impératrice, également appelé château de « Pregny-La-Tour », est un château situé dans le parc de l'Impératrice, sur le territoire de la commune de Pregny-Chambésy, dans le canton de Genève, en Suisse. Il doit son nom à Joséphine de Beauharnais, première épouse de Napoléon Ier[1]
Localisation
[modifier | modifier le code]Le château s'élève dans la localité de Pregny, au sein du sous-secteur de Pregny - village, sur le lieu-dit « L'Impératrice Pregny-La-Tour ». Il se trouve chemin de l'Impératrice[N 1], entre le domaine du château de Penthes et les « Terres de Pregny »[2]. Le domaine couvre une surface totale de 29 799 m2.
Au cours des siècles, Le domaine a relevé de diverses localités, jusqu'à ce que la commune de Pregny devienne un territoire genevois officiellement le [1]. Pendant la période de la République de Genève, le domaine se trouvait sur la limite dite des Franchises[N 2],[3].
Histoire
[modifier | modifier le code]Forteresse de « Pregny-La-Tour »
[modifier | modifier le code]À l'origine, le domaine comprend la forteresse de « Pregny-La-Tour ». Le plus ancien document mentionnant le domaine est un acte de vente daté du , par lequel François d'Orly (ou Orlier, de Orliano) cède la propriété à Mathieu Scarron[4]. Le , Pierre Scarron échange son domaine de Pregny contre des terres situées à Ruth, appartenant à Ami Perrin (en). Dans l'acte de vente, il est indiqué que la propriété de compose d'une « maison haute avec grange, treuil, curtines, etc., d'une surface de 50 poses, le tout situé au territoire de Pregny, près du chemin public tendant de Genève à Versoix du côté de l'orient »[4]. Lors de l'acquisition du château, Ami Perrin accorde à Pierre Scarron un droit de rachat de sa propriété, valable à partir de dix ans et fixé au prix de 1 800 écus d'or au soleil[5].
Ami Perrin joue un rôle important dans les luttes politiques du XVIe siècle à Genève. Syndic de Genève en , il est également premier syndic en et , et capitaine général de à . Il cumule ainsi de nombreuses fonctions. Les élections de tournent en faveur des calvinistes, qui, ayant la majorité au Conseil, s'empressent d'accorder la bourgeoisie à un groupe de réfugiés français. La colère se fait entendre du côté de Perrin et de ses partisans, appelés les Perrinistes ou Libertins[4]. Ces derniers tentent de s'emparer du pouvoir, mais ils sont rapidement rattrapés par la répression des nouvelles autorités calvinistes et se voient contraints de fuir. Perrin, devenu le chef des Libertins, établit son quartier général à la forteresse de « Pregny-La-Tour », situé en terres bernoises, donc en dehors du territoire de la République de Genève. Le bâtiment se trouve juste à la limite des Franchises, et ils y sont ainsi en sécurité[5].
Perrin meurt en , et Pierre Scarron exerce son droit de rachat avant de vendre le domaine à Antoine de Saussure[N 3]. En , Claude et Jean de Saussure vendent le domaine à Pierre Dupuys. Les informations concernant les propriétaires entre et ne sont pas précisément connues. Toutefois, il est noté que Marie Vaudenet en devient la propriétaire à cette dernière date. Par la suite, le domaine se transmettant par héritage et vente du XVIIe siècle au XIXe siècle[6]. Entre 1713 et 1718, la maison forte est agrandie[7].
Château de « Pregny-La-Tour »
[modifier | modifier le code]On suppose que la vieille serre ait été remplacée par un château au début du XVIIIe siècle par Marie Cramer-Vaudenet. Le plus ancien plan attestant cela est celui de Micheli-du Crest, datant de [4].
Entre et , le château passe entre les mains de plus de cinq propriétaires différents. Parmi eux, Alexandre de Sales, qui, bien qu'il conserve l'ancienne maison de maître, remodèle complètement les façades du château donnant sur le lac et le Mont Blanc. Le dernier propriétaire en date est Henri Melly, qui, lors de cet achat, profite également d'acquérir une parcelle de terrain au bord du lac, au lieu-dit Le Pilon, auprès d'Isaac Pictet[4]. À la mort de Melly en 1808, sa veuve décide de vendre le château.
Après son divorce, l'impératrice Joséphine de Beauharnais s'installe le au château de Malmaison, en Île-de-France. Cependant, son ex-époux, jugeant plus prudent de l'éloigner de Paris, lui assigne comme résidence un château délabré en Normandie. Ne s'y plaisant pas du tout, l'impératrice quitte ce lieu et se rend à Aix-en-Savoie le . Allant voir son fils Eugène, elle visite Genève pour la première fois le [4]. Elle profite d'un voyage dans la région lémanique entre le et le . Lors de ce séjour, elle se fascine pour le Mont Blanc ainsi que pour le lac, exprimant souvent le vœu de posséder une résidence sur la rive droite du lac. Après avoir demandé l'autorisation de son ex-époux, l'empereur[N 4], son notaire à Paris, M. Noel, entreprend les démarches quelques semaines plus tard pour l'acquisition du château de « Pregny-La-Tour » au nom de l'impératrice. Celui-ci est finalement acheté le pour la somme de 145 000 francs[5].
Château de l'Impératrice
[modifier | modifier le code]Après l'acquisition du château de « Pregny-La-Tour », Joséphine de Beauharnais se rendit vite compte que celui-ci était trop petit pour loger son personnel et ses meubles. L'impératrice entreprit alors des agrandissements considérables du château[N 5],[8]. La structure de l'ancien bâtiment fut entièrement modifiée pour laisser place à l'actuel château de l'Impératrice. Joséphine s'y installe définitivement en juillet [6].
« Au temps de Joséphine, le grand parc, bien ordonné, se prolongeait jusqu'au lac. La demeure était vaste et belle avec deux ailes peu saillantes. Joséphine n'occupait que les pièces du premier étage. Au centre, un grand salon était orné de Motif Louis XV et de grandes peintures sur toile représentant des marines; plusieurs chambres avaient des panneaux peints sur bois au-dessus des portes. Deux meubles ayant appartenu à l'impératrice, un clavecin et une magnifique table ronde Empire, ont été conservés. À côté du grand salon, il y en avait un autre plus exigu et non moins élégant, puis la chambre é couché de Joséphine avec son lourd baldaquin. Un long vestibule, éclairé par une rangée de fenêtres, livrait accès à quelques autres pièces. La vue donnait sur une terrasse et s'étendait par delà les pelouses sur le lac et les montagnes avoisinantes, et Genève, tout proche, dessinait, sur le Salève, sa silhouette familière. »
— Guillaume Fatio, Pregny, commune genevoise et coteau des altesses, 1947, pp. 206-207.
L'impératrice y reçoit des personnalités connues, telles que le préfet Guillaume Capelle ou encore Charles de Constant[4].
À la mort de Joséphine de Beauharnais en , sa fille Hortense de Beauharnais hérite du château. Alors qu'elle entreprend des travaux d'embellissement du bâtiment, la commune de Pregny deviendra, le , une commune suisse à la suite du second traité de Paris signé le . Le gouvernement genevois, hostile à l'établissement d'une impératrice française sur son futur territoire, lui enjoint de s'éloigner au plus vite. Hortense quitte Pregny le pour Aix-les-Bains, puis Constance, avant de s'installer au château d'Arenenberg, dans le canton de Thurgovie. Avant son départ, elle établit un contrat de location du château à Francis d'Ivernois. Le , elle vend son château de Pregny à Jean-Louis Moilliet pour la somme de 105 000 francs[4].
Les héritiers Moilliet vendent finalement le domaine en , et celui-ci est morcelé. Une partie sert à créer le domaine de La Pelouse, une autre agrandit le domaine du château de Penthes, et la dernière permet d'agrandir le domaine du château du Reposoir[4],[9].
Le , le Conseil d'État genevois inscrit le château, les dépendances et le domaine comme « objets classés n° 2011-26090 » à l'Office des patrimoines et des sites[7],[10],[11]. La même année, le propriétaire de l'époque, Carlo Rezzonico, effectue une restauration complète du château, en lui donnant une allure moderne tout en transformant les dépendances en logements, tout en préservant le cachet ancien[5].
Entre et , le château change de propriétaire à quatre reprises. Finalement, en , la demeure est acquise par la commune et la ville de Genève.
Entre 1853 et 1983, le château se vend entre quatre propriétaire différent. Finalement, en 1983, la demeure est acquise par la commune et ville de Genève. Le château abrite actuellement les bureaux de la mission permanente de la République italienne auprès de l'Organisation des Nations unies. Le domaine, quant à lui, est ouvert au public[12].
Propriétaires du domaine et du château
[modifier | modifier le code]Foretresse de « Pregny-La-Tour »
[modifier | modifier le code]- ? – 5 septembre 1486 : François d'Orly (ou Orlier, de Orliano) ;
- 5 septembre 1486 – ? : Mathieu Scarron;
- ? – 11 janvier 1538 : Pierre Scarron ;
- 11 janvier 1538 – 1561 : Ami Perrin (en) ;
- 1561 : Pierre Scarron ;
- 1561 – 1569 : Antoine de Saussure (1514 - 1569) ;
- 1569 - 1574 : Claude de Saussure (1543-?) & Jean de Saussure (1551-1637);
- 1574 – ? : Pierre Dupuys ;
- ?-?: Propriétaires inconnus;
- ? – 1690 : Robert Vaudenet (1624-1690);
- 1690-1699 : les dix enfants Vaudenet;
Château de « Pregny-La-Tour »
[modifier | modifier le code]- 1699 – 1725/1727 : Marie Cramer-Vaudenet (1650-1725) & Gabriel Cramer (1641-1724) ;
- 1725/1727 – 13 février 1694 : Jean-Louis Cramer (1681-1759) & Marie Cramer (1689-1694);
- 13 février 1694 - 11 juillet 1740 : Jean-Louis Cramer (1681-1759);
- 11 juillet 1740 – 1750 : Jean Jallabert (1712- 1768) ;
- 1750 – 1751 : Jean-Jacques Pallard ;
- 1751 – 1794 : Alexandre de Sales (1716-1794) ;
- 1794-1801 : Mme Turrettini-Sales, Jeanne-Louise Marguerite de Sales (1746 - 1777) et Louis-George Thomas;
- 1801 – 1802 : Jacques Lasserre (1761-1819) ;
- 1802 – 1808 : Henri Melly (1754-1808) & Jeanne Conradine Antoinette Schwartz ;
- 1808-25 avril 1811: Jeanne Conradine Antoinette Schwartz;
- 25 avril 1811 – juillet 1812 : Joséphine de Beauharnais (1763-1814);
Château de l'Impératrice
[modifier | modifier le code]- juillet 1812 – 29 mai 1814 : Joséphine de Beauharnais ;
- 29 mai 1814 – 22 février 1817 : Hortense de Beauharnais (1783-1837) ;
- 22 février 1817 – 1845 : Jean-Louis Moilliet (1770-1845) ;
- 1845 – 1853 : James Moilliet ;
- 1853 – 1871 : Salomé-Jeanne-Claudine-Françoise Fer ;
- 1871 – 1876 : Vladimir Potemkine ;
- 1876 – 1910 : Germaine Achard-Rigaud (1831-1910) ;
- 1910 - 10 mars 1954 : famille Achard;
- 10 mars 1954 – ? : Carlo Rezzonico ;
- ? - 1983 : Marco Rezzonico ;
- Depuis 1983 : Commune et Ville de Genève.
Parc de l'Impératrice
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Le parc est composé en alternance de prairies et de forêts denses, abritant des arbres séculaires[13]. Des arbres centenaires sont disposés autour de la pelouse qui descend du château jusqu’à la voie ferrée : un tulipier de Virginie et un séquoia trônent au sommet de la terrasse, tandis qu'un saule pleureur se trouve un peu plus bas.
Le domaine abrite également la source du Ruisseau de l'Impératrice, qui s'étend sur 1 000 mètres avant de se jeter dans le Léman[14].
Le parc est devenu public lors de l'achat du domaine par la ville de Genève en 1983[12].
Protections
[modifier | modifier le code]Le , le Conseil d'État genevois inscrit le château, les dépendances et le domaine comme « objets classés n° 2011-26090 » à l'Office des patrimoines et des sites[7],[10],[11].
Le , le domaine est inscrit à l'inventaire de la section nationale suisse du Conseil international des monuments et des sites (ICOMOS), répertoriant les parcs et jardins historiques de Suisse[15].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Cet article est partiellement ou en totalité issu de l'article intitulé « Parc de l'Impératrice » (voir la liste des auteurs). * (voir aussi la page de discussion)
Notes
[modifier | modifier le code]- ↑ Anciennement appelé : Chemin de Borgnion.
- ↑ « la dernière limite (borne) qui est au-dessous et au droit de la maison de feu Mathieu Scarron pas guère loin du lac »
- ↑ « avec tous les droits de rachats sur les dits biens pour le prix de 355 écus soleil »
- ↑ « Je louerai ou j'achèterai une petit campagne au bord du lac. Je désire seulement savoir s'il n'y aurait pas d'inconvénient à l'avoir près de Lausanne ou de Vevey, si je trouve le site plus conforme à mes goûts »
- ↑ Construction de deux ailes, ajout de fenêtres côté lac, etc.
Références
[modifier | modifier le code]- République et canton de Genève, « Noms géographiques du canton de Genève : Chemin de l'Impératrice »
(consulté le )
- ↑ Palfi Véronique, Pregny-La-Tour ou domaine de l'Impératrice, Genève,
- ↑ Registres du conseil, Vol. 30, fº 45.
- Guillaume Fatio, Pregny, commune genevoise et coteau des altesses, Pregny, Commune de Pregny, , p. 199-212
- Guillaume Fatio & Raymond Perrot, Pregny-Chambésy, commune genevoise, Pregny-Chambésy, Commune de Pregny-Chambésy, 1947 / 1978, 360 p., p. 189-201
- Commune de Pregny-Chambésy, carte historique, Gilles Gardet, Natalie Rilliet, Thierry Wenger et Commune de Pregny-Chambésy, 2016.
- République et canton de Genève : Département du Territoire (DT) : Office du patrimoine et des sites (OPS), « Objet no 2011-26090 : Domaine de l'Impératrice »
, sur ge.ch, (consulté le ).
- ↑ Eugène de Budé, Les Bonaparte en Suisse, p. 79-86
- ↑ « Pregny-Chambésy en ligne: Histoire », sur pregny-chambesy.ch (consulté le ).
- Service des monuments et des sites de la République et canton de Genève, « Domaine de l'Impératrice »
, sur patrimoine.app.ge.ch (consulté le )
- Conseil d'État, « Arrêté relatif au classement d'une propriété à Pregny », Feuille d'Avis Officielle (FAO), (lire en ligne
[PDF])
- « Parc de l'Impératrice | Ville de Genève - Site officiel », sur www.geneve.ch (consulté le )
- ↑ Georges Turrian, Genève...Ses parc et promenades, Genève, Cabédita, , 100 p., p. 74-75
- ↑ ass architectes associés SA, « Plan Directeur Communal : 8. Environnement »
[PDF], sur etat.geneve.ch, (consulté le ).
- ↑ (de) ICOMOS, « Liste der historischen Gärten und Anlagen »
, sur www.icomos.ch (consulté le )
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- G. Fatio, Pregny-Chambésy, commune genevoise, 1978 (2000)
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]- Parc de l'Impératrice (site officiel de la Ville de Genève)