Les Deux Magots
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La terrasse des Deux Magots.
Présentation
Coordonnées 48° 51′ 14″ nord, 2° 19′ 59″ est
Pays Drapeau de la France France
Ville Paris
Adresse 6, place Saint-Germain-des-Prés
Fondation
Site web www.lesdeuxmagots.fr
(Voir situation sur carte : Paris)
Les Deux Magots
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Géolocalisation sur la carte : France
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Les Deux Magots est un café littéraire et un restaurant situés au 6, place Saint-Germain-des-Prés, dans le quartier Saint-Germain-des-Prés du 6e arrondissement de Paris (France).

Origine du nom

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Les deux figurines chinoises appelées « magots », à l'intérieur du café, qui lui donnent son nom.

Deux magots — c'est-à-dire deux figurines chinoises[1],[2] — ornaient autrefois l'enseigne d'un magasin de nouveautés qui, de à [3], vendit de la lingerie en soie à l'emplacement du café actuel[1].

Ce commerce de soieries, auparavant situé 23 rue de Buci[1], avait pris ce nom en référence à une pièce de théâtre à succès de Charles-Augustin Bassompierre dit Sewrin, créée en et intitulée Les Deux Magots de la Chine[4], les magots évoquant le pays d'origine des articles vendus.

Ces deux figurines chinoises ont été conservées et ornent encore aujourd'hui les murs du café des Deux Magots dans la salle intérieure. Du haut du pilier central, elles veillent toujours sur la clientèle.

Naissance du café et de la légende littéraire

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Adolf Hoffmeister à la terrasse des Deux Magots en .

En [3], le magasin laisse la place à un café liquoriste, qui conserve la même enseigne. De nombreux écrivains tels que Paul Verlaine, Arthur Rimbaud ou Stéphane Mallarmé prennent alors l'habitude de s’y rencontrer. Le café commence ainsi à jouer un rôle important dans la vie culturelle parisienne.

En , Auguste Boulay rachète l'établissement, au bord de la faillite, pour quatre cent mille francs[4]. De à , Les Deux Magots sont dirigés par la famille Mathivat, d’origine auvergnate.

Dans les années , le café accueille les surréalistes sous l'égide d'André Breton, bien avant les existentialistes qui firent les belles nuits des caves du quartier.

En , un petit groupe d'amis surréalistes assis à la terrasse du café apprend que le prix Goncourt est décerné à André Malraux pour son livre La Condition humaine. Jugeant ce prix trop académique, ils décident de fonder leur propre prix littéraire, qu'ils nomment le prix des Deux Magots[4]. Cet évènement marque la naissance de la légende littéraire du café[4].

Le café des Deux Magots est par la suite fréquenté par de nombreux artistes, parmi lesquels Elsa Triolet, André Gide, Jean Giraudoux, Pablo Picasso et Dora Maar (qui s'y rencontrent en [5]), Fernand Léger, Jacques Prévert, Ernest Hemingway, Raymond Queneau (premier lauréat du prix des Deux Magots pour son roman Le Chiendent en [6]) et le couple Sartre-Beauvoir. Depuis , la place située devant ce café dont ils étaient des clients quotidiens, porte d'ailleurs le nom de place Sartre-Beauvoir.

Évolutions au tournant du XXIe siècle

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Depuis , Catherine Mathivat, arrière-arrière-petite-fille d'Auguste Boulay qui racheta l'établissement en , est directrice du lieu[4].

En , un café-restaurant portant l'enseigne Les Deux Magots a ouvert à Tokyo au Japon, à l'intérieur du Bunkamura, un centre culturel animé[7] de Shibuya et un prix Bunkamura des Deux Magots récompensant des auteurs japonais y est décerné depuis . En , des antennes se sont également ouvertes à Riyad en Arabie saoudite et à São Paulo au Brésil[3],[8].

Aujourd'hui, le monde des arts et de la littérature y côtoie aussi celui de la mode et de la politique. Outre le prix des Deux Magots, deux autres prix sont également décernés chaque année dans le célèbre café : le prix Pelléas, créé dans le cadre du Festival de Nohant et qui récompense « l'ouvrage sur la musique aux plus belles qualités littéraires[9] », ainsi que le prix Apollinaire, qui est décerné chaque année au mois de novembre, et ce depuis . Il est considéré comme le Goncourt de la poésie[10],[11].

Un prix Saint-Germain — prix multiculturel créé conjointement en par Sonia Rykiel, la brasserie Lipp, le café Les Deux Magots, le Café de Flore et le Comité Saint-Germain-des-Prés — a également existé. Décerné à une personnalité marquante du quartier de Saint-Germain-des-Prés, il récompensait à chaque fois un artiste d'une discipline différente (théâtre, architecture, cinéma, mode, dessin…)[6],[12]. Néanmoins, il n'est actuellement plus décerné.[réf. nécessaire]

Certains lundis, des auteurs tels que Franck Thilliez ou Amélie Nothomb prennent place dans le café pour échanger en petit comité avec leurs lecteurs[3] et tous les jeudis, le jazz est mis à l'honneur[13].

En , à 500 m de là, s'est également ouvert au 2 rue de Buci, là où fut fondé ce qui n'était alors qu'un magasin de nouveautés et qui s'appelait déjà Les Deux Magots, un espace de vente à emporter ayant « vocation de partir aussi à l'étranger[3] ». Cette nouvelle boutique, baptisée Comptoirs Les Deux Magots[14], propose également de consommer sur place[15],[16].

Pratiques traditionnelles

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Ayant à cœur de perpétuer les anciennes traditions, les garçons de café sont habillés d'un rondin[17] noir et d'un tablier blanc, et le service est fait sur un plateau. La tradition est également préservée dans les produits proposés : le tartare et le croque-monsieur y sont toujours emblématiques[3] et le chocolat chaud est toujours fait « à l'ancienne », à partir de tablettes de chocolat[4].

Représentations culturelles

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  • Le café des Deux Magots est mentionné dans les paroles de la chanson Le Temps des étudiants (), interprétée par Les Compagnons de la chanson : « Gréco, ses longs cheveux dans le dos / Faisait les beaux jours des Deux Magots / Et au Flore, quand elle était là / On retenait son fauteuil tout comme à l'Olympia […]. »
  • Les Rues de Saint-Germain (), du chanteur Carlos, évoque également le café des Deux Magots : « Les rues de Saint-Germain sont remplies de copains, / Qui sont là comme au temps des jours heureux. / Du Flore aux Deux Magots, du drugstore au métro, / Ils regardent passer les amoureux. »
  • La chanson L'Entarté (), écrite et interprétée par Renaud sur une musique de Jean-Pierre Bucolo, fait référence au café des Deux Magots. Elle tourne en ridicule Bernard-Henri Lévy : « Au Flore, aux Deux Magots, planté devant une coupe millésimée, il refait le monde, persuadé, d'avoir un rôle à y jouer, l'entarté. »
  • Les Deux Magots () est le titre d'une chanson de l'artiste coréen J'Kyun (en), en collaboration avec Ji Su Min.

Le lieu est situé non loin de la station de métro Saint-Germain-des-Prés de la ligne 4, accessible de part et d'autre du boulevard Saint-Germain.

Notes et références

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  1. a b et c « Un café synonyme de vie artistique et littéraire », sur lesdeuxmagots.fr (version du sur Internet Archive).
  2. « MAGOT, subst. masc. », sur cnrtl.fr, Centre national de ressources textuelles et lexicales : « Bibelot figurant un personnage plus ou moins grotesque, sculpté ou modelé, provenant ou imité de l'Extrême-Orient ».
  3. a b c d e et f Maxime Ducher, « « La brasserie parisienne par excellence » : les Deux Magots, une institution prisée depuis 140 ans », Le Parisien,
  4. a b c d e et f Journal Notre 6e, no 237, novembre 2010, p. 10.
  5. Dorothée Duparc, « Dora Maar : quarante-cinq ans de solitude », Paris Match, (consulté le ). Reproduction d'un article écrit en par Irène Vacher.
  6. a et b « En toutes lettres et toute liberté », sur lesdeuxmagots.fr (version du sur Internet Archive).
  7. « Les Deux Magots au Japon : Bunkamura - Tokyo », sur lesdeuxmagots.fr (version du sur Internet Archive).
  8. « Ici et ailleurs », sur lesdeuxmagots.fr.
  9. « Prix Pelléas », Livres Hebdo.
  10. « Le Prix Apollinaire en quinze dates », sur prix-apollinaire.fr
  11. Nicolas Gary, « Pierre Dhainaut lauréat du Prix Apollinaire , lu par Juliette Binoche », sur ActuaLitté, .
  12. « Prix littéraires du quartier de Saint Germain des Prés », sur comite-saint-germain.com (version du sur Internet Archive).
  13. « Les jeudis du jazz, saison 8 », sur lesdeuxmagots.fr.
  14. « Comptoirs Les Deux Magots », sur comptoirs-lesdeuxmagots.fr.
  15. « La nouvelle adresse étonnante des Deux Magots », sur Do It In Paris, .
  16. Christine Henry, « Paris : une nouvelle boutique en mode comptoir pour les Deux Magots afin de diversifier son offre », Le Parisien, .
  17. Veste courte, munie de poches et à pans arrondis que portaient les garçons de café. Voir « RONDIN, subst. masc. », sur cnrtl.fr, Centre national de ressources textuelles et lexicales.
  18. « Aventures de Rabbi Jacob (Les) () », sur l2tc.com.
  19. (en) « Filming locations for Aventures de Rabbi Jacob, Les () », sur Internet Movie Database.
  20. (en) Martine Pierquin, chap. 13 « La Maman et la Putain / The Mother and the Whore », dans Phil Powrie (dir.), The Cinema of France, Londres, Wallflower Press, coll. « 24 frames », , XV-283 p. (ISBN 1-904764-46-0 et 1-904764-47-9), p. 133 [lire en ligne].
  21. « Maman et la putain (La) », sur autourdu1ermai.fr.
  22. Éric Neuhoff, « La Maman et la Putain : l'antre de la légende », Le Figaro et vous, supplément du Figaro, , p. 25.

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Bibliographie

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Liens externes

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