Morat
Morat
Vue de Morat depuis le lac de Morat.
Blason de
Armoiries
Administration
Pays Drapeau de la Suisse Suisse
Canton Drapeau du canton de Fribourg Fribourg
District Lac
Nom officiel Murten/Morat
Syndique Petra Schlüchter
No OFS 2275
Démographie
Gentilé Moratois
Population
permanente
9 531 hab. (31 décembre 2023)
Densité 262 hab./km2
Langues Allemand (75 %), français (15 %), autres (10 %)
Géographie
Coordonnées 46° 55′ 41″ nord, 7° 07′ 01″ est
Altitude 453 m
Superficie 36,41 km2
Localisation
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Morat
Liens
Site web www.murten-morat.ch
Sources
Référence population suisse[1]
Référence superficie suisse[2]

Morat (Murten en allemand, Mora Écoutez en fribourgeois) est une localité et une commune suisse du canton de Fribourg, située dans le district du Lac, dont elle est le chef-lieu.

Préhistoire et Antiquité

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La région de Morat est déjà habitée par des humains dans la période du Mésolithique[3].

Durant l'Antiquité romaine, la région est bien peuplée, car elle est située au bord d’un axe de communication nord-sud reliant Rome à la Germanie par le col du Grand-Saint-Bernard, d'Aventicum (Avenches) à Solodurum (Soleure) et Windisch, et leur jonction vers Augusta Raurica à travers les Gorges du Taubenloch, et passant par le col de Pierre Pertuis.

Au Moyen Âge, la ville est mentionnée en 515 sous le nom Muratum (de murus en latin)[4], alors qu'elle est sous domination burgonde[5]. Elle appartient ensuite au royaume de Bourgogne[3].

Morat est détruite en 1032[6] par l'empereur du Saint-Empire romain germanique Conrad II[3]. Une ville nouvelle est fondée entre 1159 et 1179 par le duc Berthold IV de Zähringen (Herzog en allemand)[7] ou par l'évêque de Lausanne Landri de Durnes[3]. Le duc accorde des franchises à la ville. Par la suite, Morat est reconnue ville libre par l'empereur du Saint-Empire romain germanique Frédéric II[4]. En 1245, elle conclut une alliance avec Fribourg, puis en en 1335 avec Berne[3].

En 1255 Morat rejoint la Savoie, mais Rodolphe Ier de Habsbourg, empereur du Saint-Empire romain germanique, la conquiert. Après la mort de l'empereur, Amédée V de Savoie reprend la ville en 1291, avant de la rendre à Albert Ier de Habsbourg, empereur du Saint-Empire romain germanique. En 1310, le Saint-Empire la vend toutefois à la Savoie[3].

Le a lieu la bataille de Morat, qui voit la victoire des Confédérés suisses, alliés de Louis XI, sur Charles le Téméraire, duc de Bourgogne. Après la bataille, Morat devient un baillage commun de Fribourg et Berne[3].

XVIIIe – XXIe siècles

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Après l'invasion en 1798 de l'ancienne Confédération des XIII cantons par les armées révolutionnaires françaises et l'instauration de la République helvétique, le baillage devient le district de Morat au sein du canton de Sarine et Broye[8]. En 1803, Morat est finalement rattachée au canton de Fribourg dans le cadre de l'Acte de médiation de Napoléon[4], ce alors que les Moratois auraient préféré rejoindre le canton de Berne[8].

Photo aérienne prise à 300 m par Walter Mittelholzer (1919).

En 2002, Morat est l'une des villes organisatrices de l'Exposition nationale suisse de 2002.

Le , Morat absorbe la commune voisine d'Altavilla. Puis, le , l'ancienne commune de Buchillon est rattachée à celle de Morat. Enfin le , ce sont les communes de Courlevon, Jentes, Lourtens et Salvagny qui sont fusionnées avec Morat. Le , les communes de Clavaleyres, Galmiz, et Champagny fusionnent avec Morat[9].

Géographie

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Morat se situe à l'est du lac de Morat, en face du Mont Vully, à 14 km au nord de Fribourg. Morat et les villages voisins de Meyriez et Montilier forment une agglomération. Une partie de la zone industrielle de Morat est située sur la commune de Courgevaux.

La commune possède une rive de près de 1,8 km de long. Le territoire de la commune s'étend au sud-ouest sur les plateaux du Champ de Meyriez et de Fin de Mossard, où la commune de Meyriez est enclavée le long du lac. À l'est, la commune s'étend jusqu'aux villages de Châtel (518 m) et d'Altavilla (537 m), qui ont été absorbés par la commune de Morat depuis 1975 et 1991, respectivement.

Une étroite bande (500 m de large pour 4 km de long) détachée du reste de la commune se situe dans la plaine, intensivement cultivée, du Grand marais entre les villages de Galmiz, Mont-Vully, Essert ainsi que Monsmier dans le canton de Berne. Les autres communes voisines de Morat sont Cormondes, Courgevaux, Courtepin, Cressier, Greng, Meyriez, Montilier, Ormey ainsi que Villars-les-Moines dans le canton de Berne. La commune jouxte également la forêt domaniale du Galm.

Selon l'Office fédéral de la statistique, Morat mesure 3 641 ha[2]. 21,6 % de cette superficie correspond à des surfaces d'habitat ou d'infrastructure, 51,5 % à des surfaces agricoles, 26,3 % à des surfaces boisées et 0,5 % à des surfaces improductives[2].

Morat comprend les localités suivantes avec leur code postal et les dates des différentes fusions :

Localité NPA Année de fusion
Altavilla 3280 1991
Büchslen (Buchillon) 3215 2013
Burg bei Murten (Châtel) 3280 1975
Gempenach (Champagny) 3215 2022
Galmiz (Charmey) 3285 2022
Clavaleyres 1595 2022
Courlevon 1795 1974 et 2016
Coussiberlé 1795 1974
Jeuss (Jentes) 1793 2016
Lurtigen (Lourtens) 3215 2016
Morat 3280 1975, 1991, 2013 et 2016
Salvenach (Salvagny) 1794 2016

Démographie

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Morat compte 9 531 habitants en 2023[1]. Sa densité de population atteint 262 hab./km2. En 2023, 20 % de la population était de nationalité étrangère[10].

Le graphique suivant résume l'évolution de la population de Morat entre 1850 et 2008 (incluant celle des communes absorbées pendant cette période)[11] :

Morat est située sur la frontière linguistique entre l'allemand et le français, dans le district du Lac ; 82 % de la population parle allemand, 15 % français et 0,5 % une autre langue (2023), mais une grande partie des habitants (40 % des germanophones et 56 % des francophones) est bilingue[12]. Au XVe siècle, le français était encore la langue principalement parlée, mais l'allemand est devenu majoritaire à la fin du XVIIe siècle. Morat constitue un des liens entre la Suisse alémanique et la Suisse romande, entre Fribourg et Bienne. Un certain nombre d'habitants militent actuellement pour une officialisation du statut bilingue de la ville. L'association Murten Morat Bilingue a notamment promu le bilinguisme entre 2011 et 2016[12]. En 2025, un projet de loi cantonal liste Morat dans les 12 communes fribourgeoises potentiellement éligibles au statut officiel de commune bilingue[13].

En 1530, Guillaume Farel est envoyé par Berne à Morat où il obtient, à une courte majorité lors d'une votation, l'interdiction de la religion catholique (sous peine d'amende ou de prison)[8]. Cette interdiction reste en vigueur jusqu'à l'acte de médiation de Napoléon en 1803 qui établit la liberté du choix de sa confession[8]. En 2000, la population compte un peu moins de 55 % de catholiques et un peu moins de 35 % de protestants.

Le pouvoir législatif est exercé à Morat par le Conseil général. Il se compose de 52 membres élus pour 5 ans[14] répartis ainsi pour la législature 2022-2026 : 17 élus du Parti libéral-radical (PLR), 16 élus de l'Union démocratique du centre (UDC), 11 élus d'un groupe parlementaire de gauche formé du Parti socialiste (PS) et des Verts, et 9 élus d'un groupe parlementaire formé du Centre, des Vert'libéraux, du Parti évangélique, et de la liste « Jeunes de Morat »[15].

Le pouvoir exécutif est exercé à Morat par le Conseil communal. Il se compose de 7 membres[16] répartis ainsi pour la législature 2022-2026 : 4 PLR, 2 PS et 1 UDC.

Le tourisme est un des points forts de la ville qui a mis en place un règlement strict pour les constructions et la protection du patrimoine. La vieille ville et le bord du lac ont amplement préservé leur état d'origine et d'ensemble. Les remparts font actuellement encore presque le tour de la ville, ce qui témoigne des anciens conflits dans la région.

Le village obtient en 2022 le label Meilleurs villages touristiques de l'Organisation mondiale du tourisme[17].

Culture et patrimoine

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Héraldique

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Blason Blasonnement :
D'argent au lion de gueules couronné d'or, soutenu de trois coupeaux de sinople[18].

Traditions / Manifestations

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  • La course Morat-Fribourg, course à pied en octobre
  • Le « slow-UP », événement national dont le but est de motiver la population à plus d'exercice physique. Un dimanche de mai, tout le tour du lac de Morat (32 km) est interdit à la circulation automobile pour permettre aux gens d'en faire le tour à l'aide de véhicules à propulsion humaine.
  • Murtenclassic, festival de musique classique se tenant à la fin de l'été avec de nombreux concerts dans la cour du château, sur une scène prévue à cet effet.
  • Solennité () : fête de la bataille de Morat
  • Le Festival des Lumières de Morat est organisé chaque année en janvier depuis 2016[19],[20].
  • Les Tambours des votations

Les tambours des votations

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Les dimanches de votations et d’élections, à l’heure d’ouverture du bureau de vote, un groupe de tambours, qui peut aller de deux à six ou huit, se déplace à travers la vieille ville de Morat et se rend au local de vote (l’école devant la ville) pour rappeler le devoir citoyen à la population. Le groupe, dont la taille est variable selon les années, se retrouve devant la maison « Rübenloch » et marche en battant le tambour jusqu’au local de vote dans l’école. Cette coutume n’a gardé qu’un caractère symbolique depuis l’introduction du vote par correspondance.

Il faut remonter au début de la Société des tambours de Morat pour trouver quelques mentions dans les procès-verbaux puis dans les livres de comptes (depuis 1934) où il apparaît que la ville paie un forfait de 10 francs à la société pour cette prestation. En 1936, une description détaillée figure au rapport annuel : « le ont eu lieu les élections cantonales. À onze heures du matin et à une heure de l’après-midi nous avons joué du tambour à travers la vieille ville puis, à quatre heures, nous avons fini autour d’un verre de vin et d’une saucisse à l’auberge Ringmauer. »

Le tambour des votations a été expressément mentionné durant des décennies dans les statuts de la Société des fifres et tambours[21]. Depuis la dernière modification, les statuts fixent simplement une obligation faite aux membres de participer à toutes les activités de la société ; la prestation du jour des votations y est implicitement incluse puisqu’elle figure dans le programme annuel. La tradition est reconnue aussi bien par les tambours que par les instances de la Ville, celle-ci leur accordant un subside annuel au sens d’un mandat de prestations pour diverses interventions. On peut en déduire que la pratique est antérieure à la fondation de cette société (le ). À ce moment-là, il est fait mention d’une ancienne société de tambours et on en trouve aussi l’évocation dans le journal Murtenbieter quand celui-ci parle, le , d’une « renaissance » de la société. On peut supposer que la société précédente remplissait les mêmes fonctions, dont la tâche de rappeler leurs devoirs aux citoyens les dimanches de votation[22].

Le raccordement de Morat au réseau ferroviaire suisse eut lieu en 1876[23].

Références

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  1. a et b « Bilan démographique selon le niveau géographique institutionnel » Accès libre, sur Office fédéral de la statistique (consulté le ).
  2. a b et c « Portraits régionaux 2021: chiffres-clés de toutes les communes » Accès libre [xls], sur Office fédéral de la statistique (consulté le ).
  3. a b c d e f et g « Morat (commune) », sur hls-dhs-dss.ch (consulté le ).
  4. a b et c « Histoire de la ville de Morat », sur Canton de Fribourg (consulté le ).
  5. [vidéo] Discover Jul, « Histoire de la région de Morat : Morat », sur YouTube, (consulté le ).
  6. « Fribourg : le château de Morat », sur swisscastles.ch (consulté le ).
  7. « Histoire de la ville de Morat », sur Canton de Fribourg (consulté le ).
  8. a b c et d « Morat : La paroisse catholique célèbre les 125 ans de la consécration de son église », sur cath.ch (consulté le ).
  9. « Répertoire officiel des communes de Suisse - Modifications annoncées 2021 - Version du 17.12.2020 (remplace la version du 17.09.2020) », sur Office fédéral de la statistique, (consulté le ).
  10. Service de la statistique et de la donnée, « Migration et intégration », sur fr.ch, (consulté le ).
  11. « Évolution de la population des communes 1850-2000 : Canton de Fribourg » [xls], sur Office fédéral de la statistique (consulté le ).
  12. a et b Nicole Rüttimann, « Aux politiques de prendre la relève », La Liberté, (consulté le ).
  13. Patrick Chuard, « 20 ans après, le canton sort (enfin) son projet de loi sur les langues ! Douze communes fribourgeoises pourraient devenir bilingues », La Liberté, (consulté le ).
  14. (de-CH) « Generalrat », sur murten-morat.ch (consulté le ).
  15. (de-CH) « Mitte-glp-EVP und Unabhängige », sur murten-morat.ch (consulté le ).
  16. (de-CH) « Gemeinderat / Conseil communal », sur murten-morat.ch (consulté le ).
  17. (en) SDA/ts, « Murten and Andermatt among world’s ‘best tourism villages’ », sur Swissinfo, (consulté le ).
  18. Louis Mühlemann, Armoiries et drapeaux de la Suisse : recueil officiel des armoiries et drapeaux pour les 700 ans de la Confédération, Lengnau, Bühler, , 159 p., p. 76.
  19. « Qui sommes nous », sur Festival des Lumières de Morat (version du sur Internet Archive).
  20. « Les lumières de Morat ont attiré 80 000 personnes en 12 jours », sur Radio télévision suisse, (consulté le ).
  21. Matthias Gally, « Association suisse des tambours et fifres », sur stpv-astf.ch (consulté le ).
  22. « Traditions vivantes fribourgeoises : Tambours des votations », sur Canton de Fribourg (consulté le ).
  23. Markus F. Rubli, « La lutte de Morat pour son raccordement au réseau ferroviaire national », info : Commune de Morat, no 66,‎ , p. 5-12.

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Bibliographie

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  • Archives de la Société des fifres et tambours de Morat.
  • Journal Murtenbieter, 1932.

Articles connexes

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Liens externes

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