Edmond Paré, Visite aux enfers dans Lettres et opuscules, 1899
VISITE AUX ENFERS
étais l’autre soir dans ma chambre, en train de lire les « Notes de Voyage » de notre ami M. Tardivel. Il faisait nuit noire, et la pluie tombait par torrents, au dehors. Le vieil Éole appuyait si fortement
son genou contre la fenêtre, qu’elle en craquait.
Brusquement, je fus interrompu dans ma lecture par un rire étrange qui se fit entendre près de moi
Je levai les yeux et j’aperçus un grand individu, mis avec soin, et assis à califourchon sur une chaise, qui me regardait d’un air ironique.
« Me reconnaissez-vous ? » me dit ce personnage, en caressant négligemment de la main une longue barbiche fort pointue.
— Du diable si je vous ai jamais vu, lui dis-je, plus surpris que choqué de sa familiarité.